FOOTBALL(S) #5 Football et religion

FOOTBALL(S) #5 – Les religions du football

Revue parue en décembre 2024 aux éditions Presse Universitaire de Franche-Comté.

En couverture, Diego Armando Maradona implore le ciel les genoux sur une pelouse. Le cinquième numéro de la revue Football(s) propose de réfléchir aux liens qui unissent football et religion. Le titre du dossier pose la question « Le match de football, un rituel religieux ? » et cherche les réponses en se concentrant surtout sur la religion catholique et son rapport au ballon rond.

Un sport aux accents liturgiques ?

L’éditorial de Paul Dietschy donne les premiers éléments de réflexion. Dans un monde où la religion accompagne des milliards d’individus, le football se présente comme un terrain fertile aux croyances et aux rituels collectifs. À chaque rencontre les supporters entrent dans une sorte de transe mystique pour célébrer une équipe ou un joueur, une représentation. Dès lors qu’un but exceptionnel est inscrit, dès lors qu’un geste de grande classe élimine un adversaire, celui-ci est relaté pour donner un sens au match, et donc à la vie.

Dès le premier article, Christian Bromberger compare le match de football à une cérémonie religieuse. Lui qui a longtemps étudié le comportement des supporters, assemblés dans une ferveur collective qui rappelle des liturgies, l’ethnologue démontre comment ces rassemblements dépassent le simple cadre sportif pour toucher au sacré.

Football et catholicisme : une histoire commune

Il est alors nécessaire de narrer l’histoire commune qui lie le football à la religion catholique. Bruno Dumons remonte le temps jusqu’en 1870 et met en lumière le rôle des hommes d’église dans la diffusion du football, sous le regard bienveillant de la FGSPF, Fédération Sportive et Gymnastique des Patronages de France. Le football est alors un outil d’éducation mais aussi d’évangélisation.

Cette histoire française trouve un écho dans la Belgique du XXe siècle, où, selon Xavier Breuil, les organisations catholiques ont joué un rôle tout aussi fondamental qu’en France. Par ailleurs, cette évolution n’a pas concerné que les jeux de balle au pied, comme l’explique Joris Vincent qui invite à la rencontre de l’abbé Pistre, homme de religion passionné par le rugby.

De la religion aux superstitions, il n’y a parfois que l’épaisseur d’une ligne de touche. Katarzyna Herd et Albrecht Sonntag analysent ces croyances irrationnelles comme des moyens de conjurer le caractère aléatoire du jeu. Gestes rituels des joueurs, talismans des supporters ou prières adressées à une « Bonne Mère » marseillaise, le football apparaît comme un exutoire collectif face à l’incertitude. Dans le même esprit, Jean Bréhon et Olivier Chovaux s’intéressent aux manifestations de religiosité dans les stades contemporains.

L’esthétique et le sacré

Le cinquième numéro de Football(s) s’intéresse également à la dimension esthétique du football. Jean-François Diana explore la « sublime footballistique » qui se déploie à travers des gestes techniques immortalisés par la photographie et la télévision. Cette perspective invite à voir le football comme un art à part entière, où chaque instant d’exception touche à l’invisible et au sacré.

Plus pragmatiques, Luc Arrondel et Richard Duhautois ramènent la rivalité entre le Celtic et les Rangers, historiquement basée sur la religion, sur le terrain purement économique. Quant à Géza Szász, il étudie le cas singulier de l’Académie Catholique de Football en Hongrie, révélant comment le religieux peut également servir des projets de professionnalisation.

Quelques pages plus loin, François Da Rocha Carneiro s’entretient avec Monseigneur Emmanuel Gobillard, délégué du Pape pour les Jeux olympiques 2024. Outre ce dossier, ce cinquième numéro de la revue Football(s) propose une histoire de la Coupe Drago, trophée disparu du football français. Les autres articles s’adressent aux historiens sur le traitement des archives en France comme en Belgique.

Dans ce cinquième numéro, la revue Football(s) reste fidèle à sa volonté de publier des articles de qualité sur des thématiques originales. La question des liens entre football et religion méritait cette approche rigoureuse et analytique dont la revue s’est faire une spécialité.

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