Johan Cruyff Chérif Ghemmour

JOHAN CRUYFF, GÉNIE POP ET DESPOTE (Chérif Ghemmour)

Paru le 24 septembre 2015 aux éditions Hugo Sport.

Johan Cruyff est décédé le 24 mars 2016 à l’âge de 68 ans. Six mois plus tôt, le journaliste Chérif Ghemmour avait publié la première grande biographie du footballeur néerlandais.

Jacques Brel et les Beatles

Lorsque Johan Cruyff joue son premier match avec l’Ajax en 1964, Jacques Brel chante « Amsterdam » à l’Olympia. Mais la chanson décrit une vision déjà dépassée de la capitale néerlandaise. En ce milieu des années soixante, la jeunesse batave veut en finir avec l’ennui qui caractérise le pays. Et plutôt que d’écouter Brel, elle célèbre les Beatles venus pour la première fois en tournée aux Pays Bas.

Sur le plan du foot, les Pays Bas ne représentent alors pas grand chose. L’équipe nationale n’est plus jamais présente en Coupe du Monde et les clubs sont rapidement éliminés des épreuves continentales. Quelques mois avant que Johan Cruyff ne débute sa carrière, un certain Faas Wilkes, le moins méconnu des footballeurs néerlandais, met fin à sa carrière après avoir évolué à l’Inter Milan, au Torino et à Valence.

Johan Cruyff est à Faas Wilkes ce que les Beatles sont à Jacques Brel : le symbole du passage à la modernité d’un pays qui n’en finissait plus de ressasser les terribles souvenirs de l’occupation, sans jamais penser à l’avenir.

Une histoire de révolutions

Lorsque Chérif Ghemmour a entrepris de raconter la vie de Johan Cruyff , il a compris que c’est aussi raconter l’histoire de révolutions simultanées : celle d’un pays qui passe de la tradition ennuyeuse au modernisme le plus tolérant, celle d’un jeu, le foot, qui s’apprête à vivre une profonde évolution tactique, et celle d’un club, l’Ajax, qui va bouleverser la hiérarchie et marquer son époque.

Après les Pays Bas, Johan Cruyff a également fait souffler la révolution sur sa région d’adoption, la Catalogne, et son deuxième club, le FC Barcelone. Son passage chez les blaugrana correspond à cinq années qui ont vu passer l’Espagne du Franquisme à la Movida. Plus tard, comme entraîneur, il réinventera un foot chatoyant et offensif à une époque qui tendait au verrouillage pragmatique et à la victoire à tout prix.

Johan Cruyff est le parfait symbole des mutations de son époque. Presqu’à son corps défendant, puisque l’homme est avant tout un individualiste. L’auteur insiste même sur le caractère trempé de l’artiste : un homme de conflits, un dominateur écrasant, un donneur de leçons arrogant, égocentrique et vénal. De multiples défauts qui n’entravent en rien le souvenir d’un joueur aux dribbles géniaux, aux courses fulgurantes et aux buts époustouflants.

Johan Cruyff Chérif Ghemmour
  • “Johan Cruyff, génie pop et despote” de Chérif Ghemmour (Hugo Sport 2015). 15cm x 22cm. 352 pages.
  • Se rendre sur le site de l’éditeur Hugo Pulishing.
A lire également :   PELÉ, UNE VIE, LE FOOTBALL, LE MONDE (François Thébaud)