Ouvrage paru le 22 octobre 2022 dans la collection Icônes des éditions Les Pérégrines.
La vie de Diego Maradona est une vie de roman. Le footballeur argentin est né dans une famille pauvre vivant dans les bidonvilles de Buenos Aires. Il accède à la notoriété grâce aux talents qu’il a développé balle au pied. Puis il tutoie les grands de ce monde, le Pape, les chefs d’Etat, les grands dirigeants d’entreprise, et termine sa carrière traqué par la justice pour des affaires de drogue, de dopage et de paternité. Il alterne alors chutes et rédemptions avant de mourir, seul et malade, à l’âge de soixante ans.
Icône populaire
Diego Maradona est devenu une icône populaire, mais aussi politique et religieuse. Il incarne la revanche du peuple sur les familles fortunées. Bien que devenu immensément riche lui-même, il est resté l’enfant de Villa Fiorito, le quartier pauvre de Buenos Aires. Il est resté la voix du tiers-monde, du peuple d’en-bas. A l’issue de sa carrière, il fréquentera Fidel Castro plutôt que Carlos Menem et tatouera la figure du Che sur son bras.
Dans les milieux aisés, on dénonce ses attitudes de voyou, son manque d’exemplarité, sa vie nocturne et son appétence à la tricherie, en rappelant le but de la main qu’il inscrivit contre l’Angleterre en quart de finale de la Coupe du monde 1986. Ce même but est perçu dans les milieux populaires comme un geste de rébellion vis-à-vis de l’ordre établi, une main occulte du tiers-monde face aux grandes puissances.
Le joueur lui-même a donné à ce but une dimension divine en déclarant que c’est la main de Dieu (“La Mano de Dios”) qui a poussé le ballon dans le but. Quatre minutes plus tard, il inscrit un nouveau but à l’issue d’une série de dribbles irréelle où il passe en revue tous les joueurs de la défense anglaise, gardien compris. Le plus beau but du monde. Une action qui met à genoux tout un pays persuadé que le footballeur est envoyé sur terre par quelque divinité.
Les deux buts contre l’Angleterre ont aussi une forte dimension géopolitique puisqu’ils sont marqués quelques années après la guerre des Malouines, perdue par l’armée argentine qui avait envisagé de reprendre un bout de terre stratégique occupé par le Royaume Uni.
Le plus grand footballeur de l’histoire
Deux ans après la mort de Maradona, le 25 novembre 2020, l’écrivain Philippe Villain publie aux éditions Les Pérégrines, un portrait du joueur disparu en analysant sa dimension populaire, politique et religieuse. Il interroge la notion d’exemplarité en rappelant que les exigences sont différentes selon que l’on vienne du peuple ou des élites.
« Maradona » de Philippe Vilain fait partie d’un collection nommée « Icônes » où il côtoie des textes consacrés à Jacques-Yves Cousteau, Charlie Chaplin, Lady Di, Angela Davis, Friedrich Nietzsche, Yoko Ono, Prince, Alan Turing et Monique Wittig. Diego Armando Maradona est la seule personnalité sportive de la collection.
Contre toute attente, le meilleur joueur du monde a choisi de faire carrière dans un club modeste, le SSC Napoli, qu’à lui-seul ou presque il transforme en cador du football italien puis européen. Alors que dans les tribunes du Nord de l’Italie, on le traite de pouilleux, son image est religieusement dessinée dans toutes les rues de Naples.
Philippe Villain considère Diego Maradona comme le plus grand footballeur de l’histoire. Il livre même un top 5 dans lequel ne figurent ni Pelé, ni Cruyff. Il analyse les exploits de l’Argentin tout en cherchant à percevoir ce qu’il représente dans l’imaginaire de chacun. Il décrit son jeu en insistant sur son esthétique, avec des références religieuses, politiques ou sociales.
Un ouvrage certes partisan mais qui appelle à réfléchir sur le représentation d’un footballeur, en l’occurrence le plus grand de l’histoire.
- « Maradona” de Philippe Vilain (Les Pérégrines 2022). 120 pages. 130×200mm. Disponible dans toutes les bonnes librairies et sur le site de l’éditeur Les Pérégrines.
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