Paru aux éditions Jacob-Duvernet en 2012, réédité en version actualisée le 15 juin 2023 aux éditions Mareuil.
Le mercredi 1er juillet 1903 à Montgeron, soixante cyclistes prennent le départ du Tour de France dans une certaine indifférence. Le cyclisme sur route, à l’époque, ne déplace pas les foules autant que le cyclisme sur piste, incarné par Major Taylor, l’invincible champion noir américain dont les affiches ornent les murs parisiens en attendant son prochain passage.
Menuisiers, forgerons et bouchers
La piste représente la noblesse du cyclisme alors que la route est l’épreuve des gueux, des paysans, des amateurs. Quelques courses ont vu le jour comme Bordeaux-Paris, longue de 600 km dont une partie disputée derrière des entraîneurs motorisés, ou le Paris-Brest-Paris dont la première édition en 1891 est remportée par Charles Terront. Dix ans plus tard, c’est un Italien qui l’emporte, Maurice Garin, qui obtiendra plus tard la nationalité française et… remportera le premier Tour de France.
Le journaliste Jean-Paul Vespini est revenu à cette époque pour conter toutes les péripéties de ce premier Tour de France qui allait devenir la plus grande course cycliste du monde. En 1903, les six étapes de 400 kilomètres sont parcourues par des cyclistes amateurs, la plupart ouvriers, forgerons, menuisiers, bouchers, des hommes durs au mal qui se lancent sur les routes incertaines de la France d’alors pour rafler le magot promis.
Le premier Tour de France de l’histoire ne manque pas de personnages pittoresques, certains ayant une vision noble du sport, d’autres étant prêts à toutes les vilenies pour s’imposer. Autour d’eux, des journalistes se bousculent pour narrer leurs exploits ou au contraire afficher leur mépris pour cette discipline peu valorisante. Et puis il y la figure d’Henri Desgrange, patron tout puissant qui change parfois les règles pour relancer l’intérêt de l’épreuve.
La course vers l’inconnu
Les courses cyclistes de l’époque sont créées par les journaux qui rivalisent d’imagination pour imaginer l’épreuve la plus folle. La concurrence est terrible entre les titres de presse et tous les coups sont permis pour décrédibiliser les champions des autres courses. Entre les coureurs aussi, tous les coups sont permis. Le malheureux Hippolyte Aucouturier trouvera un drôle de goût dans sa gourde et de violentes douleurs à l’estomac lui feront perdre un temps précieux dès la première étape alors qu’il était l’un des favoris.
Quand la course est remportée par le grand favori Maurice Garin, les rois de la route gagnent un peu de respect, et leurs exploits leur feront dépasser en notoriété les cracks de la piste. L’ouvrage de Jean-Paul Vespini est doté d’une multitude de détails qui rendent le récit cocasse et palpitant. On se surprend à pédaler aux côtés de ses champions d’un autre temps, véritables pionniers de l’histoire du sport.
- « 1903, l’épopée du premier Tour de France » de Jean-Paul Vespini (2023, Mareuil éditions). 286 pages. 140×215. Disponible dans toutes les bonnes librairies ainsi que sur le site de l’éditeur Mareuil.
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