Paru le 18 mai 2005 aux éditions Calmann Lévy.
Le 29 mai 1985, le stade du Heysel à Bruxelles accueille la trentième finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions. L’affiche est prometteuse car cette rencontre oppose les deux meilleurs clubs européens du moment, la Juventus et Liverpool. Hélas, cette soirée deviendra l’un des plus grands drames de l’histoire du sport.
Le drame du Heysel
Quelques instants avant le coup d’envoi, dans le virage Z, les supporters de Liverpool chargent ceux de la Juventus. Une panique monstrueuse gagne la tribune. Les spectateurs affluent vers le bas. Sous la pression, un mur s’écroule entraînant plusieurs personnes. Trente-neuf personnes trouvent la mort et 600 sont blessées.
L’Europe est sous le choc. Comment cette finale disputée au cœur de l’Europe civilisée a-t-elle pu déboucher sur cette tragédie barbare ? Les institutions semblent découvrir le phénomène hooligan, qui hante pourtant les tribunes européennes depuis plus de dix ans, dans le sillage des clubs anglais et de la sélection nationale.
Une tragédie européenne
Malgré le drame, le match a quand même eu lieu, les organisateurs craignant qu’une annulation ne jette de l’huile sur le feu. Les vingt-deux joueurs ont joué le jeu, semblant ne rien savoir de la tragédie. Michel Platini a marqué le but de la victoire sur penalty et a manifesté sa joie. On a remis la Coupe aux vainqueurs qui sont venus la brandir devant leurs supporters. Comme si de rien n’était.
Dans un autre contexte, la victoire de la Juventus aurait été vivement contestée. Le penalty accordé à la Juve a fait suite à une faute commise en dehors de la surface. En outre, les Reds auraient dû obtenir un penalty pour une faute évidente dans la surface italienne. L’arbitre suisse Monsieur Galler avait-il reçu des consignes pour laisser les Italiens remporter le match ?
Entre honte et volonté d’oublier
Beaucoup de questions ont fait suite à ce drame. Une commission d’enquête et plusieurs procès très médiatisés n’ont pourtant pas apporté toutes les réponses. Vingt ans après, le journaliste Jean-Philippe Leclaire a questionné des acteurs et témoins de cette tragédie : des joueurs (parmi lesquels Michel Platini dont il avait écrit la biographie), mais aussi l’arbitre, les dirigeants, des policiers, des survivants, des hooligans repentis. Son livre reconstitue précisément le déroulement du drame, sans effet sensationnaliste, donnant même des détails jusqu’alors inconnus.
A la suite du drame, après que la justice ait fait son travail, l’auteur remarque qu’au-delà de la vérité a surtout prédominé une volonté d’oublier. Par culpabilité coté anglais, où les clubs se verront interdire de disputer les Coupes Européennes durant cinq ans. Par mauvaise conscience coté italien, où la plupart des joueurs regrettent d’avoir joué le match, d’avoir fêté le but et brandi la Coupe dans un tour d’honneur.

- « Le Heysel, une tragédie européenne » de Jean-Philippe Leclaire (Calmann-Lévy 2005). 320 pages. 23cm x 15cm. 24,20 €. Disponible sur le site de l’éditeur Calmann-Lévy.
- Lire l’article « Platini 1985, un tir dans la nuit du Heysel » (1er juin 2015) dans les Cahiers du Football
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