Recueil de textes extraits du « Petit Parisien » publiés en 1924 et disponibles aux éditions Arléa.
En 1924 est organisée la dix-huitième édition du Tour de France cycliste. L’Italien Ottavio Bottecchia remporte la première étape au Havre, s’empare du maillot jaune qu’il ne quittera plus jusqu’à l’arrivée finale au vélodrome du Parc des Princes le 20 juillet. C’est la première fois qu’un coureur reste en tête du classement général à l’issue de toutes les étapes. C’est également la première fois qu’un Italien s’impose dans la grande boucle.
L’abandon des Pélissier
Ce n’est pourtant pas le nom du champion italien qui s’impose dans les esprits quand on évoque le Tour de France 1924. Dès la troisième étape, le Français Henri Pélissier, vainqueur de la précédente édition, abandonne entre Cherbourg et Brest. Il est accompagné de son frère Francis et de leur coéquipier Maurice Ville. Les trois hommes se retrouvent au Café de la Gare à Coutances, en Normandie, où un journaliste, Albert Londres, est venu à leur rencontre.
Le célèbre journaliste est chargé par « Le Petit Parisien » d’écrire une série d’articles sur le Tour de France. Les propos qu’ils recueille de la part des trois coureurs abandonnés sont publiés le 27 juin 1924. Une interview détonante où les coureurs dénonceront la dureté de l’épreuve et le nécessaire recours aux produits dopants pour surmonter les difficultés.
Tour de souffrance
Ainsi naît la légende des « Forçats de la Route », ces coureurs confrontés à une course surhumaine, à des organisateurs autoritaires et sans compassion pour les champions qu’ils font souffrir. Le livre recueille les douze chroniques du journaliste sur le Tour 1924, qui deviendra le Tour de souffrance sous sa plume. Celui-ci évoque la douleur des coureurs, leur solitude et les conditions dans lesquelles on les fait courir : étapes de nuit, routes parfois impraticables, règlement strict et parfois stupide, étapes trop longues…
Albert Londres est alors un des journalistes les plus célèbres du monde. Il a été l’un des premiers en 1920 à pénétrer dans la Russie bolchévique pour en raconter la souffrance du peuple. Il s’est également rendu au Japon, en Chine, en Inde pour des reportages qui seront publiés en livres. En 1923, il réalise son reportage le plus fameux, celui du bagne de Cayenne en Guyane, qui deviendra un livre « Au bagne » qui suscitera de multiples réactions en France métropolitaine. Il y décrit les prisonniers condamnés au travaux forcés, les forçats dont il reprendra le mot pour décrire les coureurs du Tour de France.
« Les Forçats de la Route« , qui avait également été publié sous le titre « Tour de France, tour de souffrance » reste aujourd’hui un témoignage exceptionnel des temps héroïques du Tour de France.
- « Les forçats de la route » de Albert Londres, recueil de textes extraits du « Petit Parisien » (23 juin-20 juillet 1924), collection Arléa-poche, 128 pages. ISBN 9782869598195.
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