BERLIN 1936, LES JEUX DÉFIGURÉS (Jean-Michel Blaizeau)

Paru le 13 septembre 2012 aux éditions Les Indes Savantes.

Les Jeux olympiques de Berlin, en 1936, représentent le plus terrible aboutissement que pouvait connaître le mouvement olympique, celui d’une célébration sportive utilisée à des fins de propagande, qui plus est pour l’une des pires idéologies qu’ait conçu l’humanité.

Les Jeux du régime nazi

Berlin avait obtenu l’organisation des Jeux en 1931 à une époque où l’Allemagne était encore démocratique. Mais en 1933, Hitler est élu chancelier et le régime nazi se met en place. Alors que son idéologie semblait incompatible avec le sport de compétition, le Reich maintient l’organisation des Jeux olympiques dans la capitale allemande.

Quand arrive l’été 1936, l’Allemagne fait comme si. Elle a effacé toute trace d’antisémitisme dans ses discours et ses actes. Elle a préparé avec faste et apparat les plus grands Jeux olympiques de l’histoire. De leur côté, les dirigeants du CIO ne trouvent rien à redire. 3.959 athlètes provenant de 49 nations s’affrontent dans différentes disciplines. Les Jeux sont fastueux, les discours de paix rassurent l’opinion, mais les parades militaires et les oriflammes font peser une tension oppressante.

Jean-Michel Blaizeau, historien du sport et correspondant du journal L’Équipe, a voulu proposer un récit complet sur ces Jeux défigurés, (il reprend le titre d’un article de Jacques Goddet, lequel assure la préface du livre), de leur genèse jusqu’à leurs conséquences sur l’histoire du sport. Son livre publié aux éditions les Indes Savantes propose quelque 300 pages richement illustrées de photos raconte le contexte politique et chacune des épreuves sportives de cette quinzaine berlinoise.

Sport et idéologie

Entre textes et photographie, l’ouvrage donne également plusieurs chronologies d’événements sportifs et politiques, notamment sur l’organisation des Jeux mais aussi la préparation des athlètes français ou les mesures antisémites prises par le gouvernement nazi dans le sport. L’auteur revient également sur les Olympiades Populaires organisées à Barcelone peu avant Berlin, mais qui seront tués dans l’œuf par le début de la guerre civile espagnole.

Cette olympiade donne lieu à des performances sportives de premier plan. Tout en contant jour après jour le déroulement de ces Jeux, l’auteur raconte les champions emblématiques de cette olympiade, dont l’inoubliable Jesse Owens, le sprinter noir américain qui remporte quatre médailles d’or en athlétisme sous le regard agacé d’Adolf Hitler. Mais de nombreux autres athlètes, plus ou moins connus, font également l’objet de portraits biographiques, quand leur destinée est confrontée aux tourments dramatiques de l’Histoire.

Le livre a valu à Jean-Michel Blaizeau le prix Sport-Scriptum 2000, distinction nationale récompensant le meilleur livre de l’année.

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