Nouvelle édition publiée le 29 mai 2024 aux éditions Max Milo. Préface de Pascal Boniface.
Dans le football comme dans bien d’autres sports, les grandes compétitions internationales opposent des sélections qui représentent de pays. Inévitablement, le contexte géopolitique pèse sur les rencontres qui mettent aux prises deux équipes de pays en situation de litige.
22 histoires insolites pour comprendre le monde
L’histoire rappelle qu’en 1969, une guerre entre Salvador et Honduras avait suivi une rencontre éliminatoire entre les deux équipes. Dix ans plus tôt, les footballeurs algériens avaient constitué une équipe pour clamer l’indépendance de leur pays. En 1985, l’équipe de Hong-Kong avait battu celle de Chine dans un contexte diplomatique éminemment tendu. En 1986, Maradona inscrivit deux buts dans un quart de finale Argentine-Angleterre où planait une revanche de la guerre des Malouines. Plus récemment, le Qatar et l’Arabie Saoudite utilisent le football à des fins stratégiques.
En 2024, année explosive, les organisateurs de compétitions veillent à ce que certains matchs n’aient jamais lieu : Russie-Ukraine, Arménie-Azerbaïdjan, Espagne-Gibraltar ou Serbie-Kosovo représentent trop de risques d’incidents pour être disputés. L’apolitisme du football n’est qu’une façade, et Kévin Veyssière ne cesse de le rappeler sur son site www.footballclubgeopolitics.fr et sur les différents ouvrages qu’il a publié depuis 2021.
Son premier ouvrage fut d’ailleurs “Football Club Géopolitics” (2021) auquel les éditions Max Milo publient une réédition en 2024. Le championnat d’Europe vient à point nommé pour rappeler que cette épreuve est née dans le contexte de la construction de l’Union Européenne, et a toujours gardé en elle les stigmates de la politique.
L’Euro, une compétition politique
Si sa première édition en 1960 a vu le triomphe de pays de l’Est aujourd’hui disparus (URSS, Yougoslavie et Tchécoslovaquie sur le podium), elle a surtout connu un premier coup de canif avec le forfait de l’Espagne en quart de finale, Franco refusant que son équipe affronte celle de Staline. Les deux équipes se retrouveront quatre ans plus tard en finale de l’édition suivante !
C’est à l’occasion de l’Euro 1992 que la politique a le plus pesé sur le tournoi européen. Un an après la chute de l’URSS, c’est une équipe de communauté des États indépendants (CEI) qui représentait une dernière fois l’empire disparu. L’Allemagne quant à elle représentait une nation à nouveau unifiée, la RFA ayant absorbé la RDA à la suite de la chute du Mur de Berlin. La Yougoslavie, de son côté, faisait partie des grands favoris, mais quelques jours avant le tournoi, l’UEFA appliquait la directive de l’ONU et l’excluait de l’épreuve. Elle fut remplacée au pied levé par le Danemark qui remporta le tournoi à la surprise générale alors qu’un mois plus tôt, le peuple danois avait manifesté son refus d’intégrer l’Europe de Maastricht.
L’Euro fut également l’occasion pour des pays récemment constitués d’affirmer leur présence sur l’échiquier mondial, de la Croatie en 1996 à la Macédoine du Nord en 2016.
Dans son ouvrage, Kévin Veyssière évoque aussi les à-côtés du football européen, comme la ConIFA, une fédération qui regroupe des pays dont l’ONU ne reconnaît pas l’indépendance. Il nous emmène également dans des contrées telles la Laponie, le territoire d’Åland, le Groenland, Saint-Marin, l’Île de Pâques ou Tuvalu où le football est utilisé pour porter des messages politiques.
Le football n’est pas qu’une simple histoire de ballon rond, écrit l’auteur. Il est aussi un moyen de comprendre le monde. Son ouvrage en est la brillante démonstration.
- « Football club Geopolitics. 22 histoires insolites pour comprendre le monde » de Kévin Veyssière (Max Milo 2024). Deuxième édition. Préface de Pascal Boniface. 192 pages. 145x205mm. EAN13: 9782315021581. Disponible dans toutes les bonnes librairies et sur le site de l’éditeur Max Milo.
Sport à lire sur Instagram