Ouvrage paru le 8 mars 2018 aux éditions la Découverte.
Jusqu’alors, l’histoire du football était contée à travers celle des grandes compétitions, des grands joueurs et des grands clubs. Ce récit presque officiel occultait la pratique du ballon rond dans de nombreux pays et oubliait combien le football était aussi un instrument d’émancipation pour les ouvriers, les féministes, les militants anticolonialistes, les jeunes des quartiers populaires et les contestataires du monde entier.
Le football d’en-bas
Le journaliste Mickaël Correia a entrepris de raconter le football du côté des pratiquants, des supporters, des hommes et des femmes qui ne voyaient pas le football qu’à travers le prisme qu’en donnaient les médias traditionnels.
L’histoire commence en Angleterre où le football a d’abord été un sport d’élite avant d’être gagné par les couches populaires. Les premiers tentent alors d’en faire un outil de contrôle social avant que les seconds s’en servent comme un élément d’anticipation et de résistance face à l’ordre bourgeois.
Lors de la première guerre mondiale, le jeu jusqu’alors exclusivement masculin est accaparé par les femmes venues renforcer les effectifs en usines alors que les ouvriers sont au front. Le football féminin voit le jour, s’épanouit puis est brutalement réprimé par les hommes revenus des combats et peu enclins à partager leur jeu favori avec leurs sœurs et leurs épouses.
Le football s’étend de part le monde où se reproduit la lutte, à travers le ballon, entre dominants et dominés. Dans les pays gagnés par les régimes totalitaires, le football est utilisé à des fins de propagandes que ne manquent pas de contester le public des classes populaires, qui vient au stade tant pour encourager leurs couleurs que pour revendiquer leur situation.
Outil de luttes et d’émancipation
Le foot devient un objet éminemment politique. En France, les footballeurs d’origine algérienne rentrent au pays pour créer une équipe nationale fondée sur la revendication d’indépendance. Au Brésil, Socrates et ses coéquipiers du Corinthians Sao Paulo inventent un fonctionnement démocratique au cœur d’un pays sous dictature militaire. En Egypte, les collectifs ultras se placent au cœur du printemps arabe. En Palestine, le football est utilisé comme une arme politique contre l’occupation.
La lutte ne s’arrête jamais. De nombreuses initiatives résistent au diktat du football business, de plus en plus détachés des supporters et des territoires. L’actionnariat populaire gagne du terrain tandis que le football féminin profite de sa médiatisation pour éloigner le sexisme des tribunes.
Partout dans le monde, le football est aussi un outil de revendication et d’émancipation. Son histoire populaire méritait d’être contée. Mickaël Correia est venu apporter ce récit et son ouvrage, publié en 2018 aux éditions La Découverte, est devenu un classique de la littérature sportive. A tel point qu’il a fait l’objet de nombreuses traductions en langues étrangères.
- « Une histoire populaire du football » de Mickaël Correia (La Découverte, 2018). 416 pages. 156x241mm. ISBN 978-2707189592. Publié en poche chez le même éditeur le 12 mars 2020 (510 pages, 127x191mm, ISBN 978-2348058622). Publié en anglais sous le titre « A People’s History of Football » en 2023 chez Pluto Press et en portugais brésilien sous le titre « Uma História Popular do Futebol » en 2023. Voir le site de l’éditeur La Découverte.
Sur le web
- Lire l’article Une Histoire populaire du football à lire (avril 2018) de Yann Dey-Helle sur le site Dialectik Football
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