Roman biographique publié le 21 mai 2014 aux éditions Stock.
Quand le romancier rédige la biographie d’une figure du passé, il se retrouve rapidement tiraillé entre la précision historique et la légende. Faut-il énoncer cliniquement les faits en citant les sources, en les vérifiant, en les recoupant ? Ou faut-il plutôt s’en tenir à une réalité construite pièce après pièce dans l’imaginaire collectif ?
Une légende déjà écrite
Vincent Duluc, journaliste à L’Équipe, s’est volontairement laissé emporté vers la deuxième solution. Dans « Le cinquième Beatles« , parus aux éditions Stock, il a choisi de faire de George Best un personnage de roman sans n’avoir besoin d’inventer une histoire. La légende était déjà écrite par l’intéressé, qui a construit son propre mythe à coup de petites phrases légendaires et en l’instrumentalisant avec la complicité des médias.
Footballeur brillant, sans doute le meilleur de l’histoire du foot britannique, George Best fut une météorite dans l’histoire du sport. Talent précoce, il touche les sommets dès l’âge de 22 ans (Ballon d’Or de l’année 1968, qui ne pouvait trouver meilleur symbole !). Il entame ensuite un spectaculaire déclin sportif tout en entretenant une image de pop star rebelle, avide de voitures et de jolies filles. Et d’alcool.
L’Angleterre des seventies
L’auteur s’intéresse finalement peu au footballeur – sur les 230 pages, quinze seulement parlent vraiment de foot. Il préfère suivre l’homme sur le chemin de ses excès, commenter ses frasques avec distance et pointes d’humour. On baigne dans l’Angleterre des seventies, cette terre si lointaine que les plus chanceux gagnaient en ferry pour y goûter cette atmosphère particulière où se réinventait chaque jour le foot, le rock et la mode.
Le génie de Manchester est associé aux Beatles, groupe de Liverpool, dans l’imagerie d’une société britannique en pleine mutation. Mais si les Beatles étaient quatre, George Best était seul. Footballeur de légende, gueule d’ange riche et célèbre, à l’insolence couverte de grâce, il était avant tout un homme dépressif, un « jeune homme célèbre que les femmes poursuivent et que la tristesse rattrape« . Il est mort en 2005 à l’âge de 59 ans, le corps meurtri par ses excès.
Le roman de Vincent Duluc a fait l’objet d’une bande dessinée signée Kris et Florent Calvez, rebaptisée « George Best, twist and shout« , parue en 2022 aux éditions Delcourt dans la collection Coup de tête.
- « Le cinquième beatles » de Vincent Duluc (2014 Stock). 232 pages. 135x215mm. Disponible dans toutes les librairies et sur le site des éditions Stock.
« Il était arrivé dans le salon en même temps que la télé et il n’était pas si difficile de voir en lui un cinquième Beatles – le même style en rupture, la même coupe mod, les mêmes cris de filles qui l’acclamaient » (Vincent Duluc)
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