Ouvrage publié le 11 avril 2025 aux éditions du Félin. Préface de Béatrice Barbusse.
Le 30 septembre 1917 se déroule à Paris le premier match en France de football féminin. Il oppose deux équipes du Fémina Sport, un club pionnier de la pratique sportive féminine. L’équipe menée par Thérèse Brulé s’impose 2-0 sur celle de Suzanne Liébrard. L’événement a le droit à une petite note dans le journal L’Auto.
Les pionnières du féminisme
Un peu moins de soixante-dix ans plus tard, en juin 1986, la journaliste Claire Meyer se rend chez Thérèse Brulé, alors âgée de quatre-vingt-neuf ans. Elle doit écrire pour un mensuel féminin un article sur les pionnières du féminisme et la vieille dame a accepté de répondre à une interview. La pionnière du football féminin va alors dérouler le récit de sa vie.
C’est un pan entier de l’histoire du sport que la journaliste recueille. Une époque entière défile, celle de la Grande Guerre où les hommes partis au front, les femmes s’émancipent par le travail et par le sport. Le romancier Laurent Koessler, lui-même ancien athlète de haut niveau, a voulu raconter ces pionnières de l’an 1917 en se mettant dans la peau de la journaliste.
Il était inimaginable à cette époque qu’une femme pratique un sport de haut niveau. On estimait que leur corps n’était pas préparé à l’intensité de l’effort physique. La société patriarcale craignait surtout que le sport (et les loisirs) détournent la femme de ses rôles de mère et de femme au foyer. Les hommes considéraient en outre que les femmes n’avaient pas à se donner en spectacle, surtout dans les tenues (short et maillot) dévoilant leurs bras et leurs jambes.
Un match contre la mysoginie
C’est dire si les femmes que l’on rencontre au cours du récit peuvent être considérées comme transgressives. Le récit de Laurent Koessler nous permet d’aller à la rencontre de Thérèse Brulé et sa sœur Jeanne, mais aussi des athlètes Lucie Bréard et Lucie Cadiès, puis Violette Morris et bien entendu Alice Milliat. On croise aussi des hommes qui œuvrent pour le sport féminin comme Pierre Payssé.
Ces femmes sont allées au-delà des limites que leur assignait le monde des hommes, au-delà d’une supposée fragilité physiologique qui aurait dû leur interdire les contacts et les efforts violents, censés demeurer l’apanage de la gent masculine. Ces éclaireuses participaient à l’émancipation des femmes, dans le sport et dans la société toute entière.
Le livre de Laurent Koessler publié aux éditions du Félin, mi-roman mi-récit historique, s’appuie sur le témoignage de Thérèse Brûlé, mais également sur des documents historiques, pour recontextualiser l’histoire du féminisme et du sport. Son texte fait des aller-retours entre passé et présent, nous permettant de jauger à quel point le combat de ses éclaireuses a ouvert le voie à bien des championnes d’aujourd’hui.
- “Les éclaireuses” de Laurent Koessler (éditions du Félin, 2025). 224 pages. 140x220mm. ISBN : 978-2-494297-67-8. Disponible dans toutes les bonnes librairies et sur le site des éditions du félin.
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